Viticulteur à Overijse

Pierrot De Wolf, viticulteur à Overijse, retraité de son état, nous fait le plaisir d’une petite visite de ses serres.

C’est en passant chez Baudouin de Troostembergh de la ferme Koedalhof que j’ai appris que la région était aussi connue pour son raisin. Pierrot c’est le voisin de Baudoin.

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150 ans de tradition de raisins bien Belge.  C’est dans la région du Druivenstreek, qu’on appelle aussi la région des raisins. Située entre Hoielaart, Overijse, Tervuren et Huldenberg, au sud-est de Bruxelles. Ce raisin de table se cultive sous serre. Avant la guerre on dénombrait 35.000 serres à raisin dans la région. Plus de 2000 familles vivaient du raisin. Un vrai filon porteur de richesse au point que les serres faisaient souvent partie des dots de mariages. Aujourd’hui il en reste à peine 400.

Hoeilaart était alors l’un des villages les plus riches de Belgique. C’est en 1865 grâce aux idées du jardinier visionnaire Félix Sohie que ce raisin d’exception fut connu dans le monde entier. Il imagine construire des serres dans le village, il trouvait l’endroit bien orienté au sud mais devait déjà à l’époque chauffer ses maisons de vitres au charbon. Un eldorado qui a pris fin en 1963, avec l’ouverture des marchés européens, la crise des carburants, deux éléments qui ont poussé beaucoup d’exploitations à la faillite. C’est que les serres consomment énormément de mazout.

Pierrot, 73 ans, ne fait pas à proprement parler commerce de son raisin, comme il me l’explique, il n’a gardé qu’une seule serre en exploitation, dont 1/3 est réservé à ses cinq petits enfants, le reste c’est un peu du bouche à oreille, le voisinage. On arrive pas dans sa cour par hasard.

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Et Pierrot me raconte: vous voyez cette sorte de poudre blanche sur le raisin, c’est la pruine, il ne faut pas le frottez, le raisin ne doit pas briller, on le mange comme ça. Et surtout on ne tire pas sur les grains, on coupe un à un avec un petit ciseau chaque grain, on le met en bouche et la seulement on tire sur la queue. Et de continuer: si j’apprends que vous avez tirer sur les grains vous ne mettrez plus les pieds chez moi 🙂

La pruine est appréciée par les vignobles car elle retient les levures et bactéries qui participent à sa fermentation. Mais la pruine est aussi le meilleur indicateur de fraîcheur d’un raisin car elle disparaît à la moindre manipulation. Si vous trouvez des raisins avec de la pruine, achetez-les sans compter et remerciez chaleureusement le jardinier qui les a cultivés.

Puis il s’exécute devant moi à l’aide de son petit ciseau.

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Il se saisi d’une barquette, allonge deux feuille de raisin au fond, puis coupe une grosse grappe et une petite, il me dit: et vous allez voir, j’ai l’œil ça va faire un kilo tout juste.

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L’homme est intarissable, il me raconte tour à tour l’histoire du raisin dans la région, me parle de ses pigeons voyageurs, de ses plants de tomates, des taxes en Belgique qui font qu’il ne reste presque plus de viticulteurs, de la guerre (en 40, allez en 42)……

Dans les années 50, début de la mondialisation et des importations d’Italie et d’Espagne, il y avait tant de raisins dans la région que certains le transformèrent en vin. Il y eut deux coopératives et les surplus de raisins de table devenaient un petit mousseux tout à fait correct. Aujourd’hui, seule la famille Luppens continue à faire du vin. C’est assez confidentiel.

Aujourd’hui il reste encore une trentaine de professionnels qui cultivent encore le Royal ou le Léopold III, les principaux cépages locaux. Ils ont dû mettre en avant la qualité, travailler un raisin bio pour la plupart, rénover les serres et les systèmes de chauffage.

Le raisin belge a encore de belles années devant lui.

En sortant de chez Pierrot, je me suis arrêté sur le bord de la route pour voir les raisins vendu par les locaux, ce qui a retenu toute mon attention c’est le prix 29€ le kilo 🙁

Poussant la curiosité, je me suis arrêté au magasin CRU, et j’ai aussi retrouvé ce fameux raisin, à peine moins cher mais pas si beau que celui de Pierrot. Et je me suis dit “merci l’achat direct au producteur” (prix divisé par deux).

Alors quand le raisin vendu en direct (au bord de la route) est plus cher que celui du supermarché, la je dis que ce n’est pas raisonnable. Certes celui du supermarché avait pale allure (voir photo ci-dessous)

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Et il est comment ce raisin? Fabuleux, de gros grains impeccable, suffisamment sucré. A déguster avec modération.

Je vais peut-être paraître chauvin, mais je préfère les petits grains du Muscat, que je trouve encore plus sucré et surtout bien moins cher 4.98€ ce matin au marché.

Mais bon le Léopold III du Druivenstreek est plus rare et ce qui est rare est cher.

Pour l’adresse rendez-vous à la ferme Koedalhof, prenez vos légumes et votre viande (préalablement commandée sur leur site web) et si vous avez de la chance, Pierrot ne sera pas très loin 🙂

Les photos de cet article qui portent le ©Carnets de Normann (BXL5) ont été prises par son auteur.

2 Comments

  1. Bonjour,
    Je voudrais trouver des plants de vigne comme mon père en cultivait à Hoeilaart.
    Avez vous des adresses?
    Bien à vous,
    Daniel Vandervaeren

  2. Merci Pierrot pour ce vous faites pour l’agriculture et le. raisin ,j’en cultive aussi j’ai trois sortes muscat, phoenix et royal et c’est merveilleux je habite Bastogne en passant pour aller à Bruxelles ça me farais plaisir de vous rencontrer . Salutations Ignazio.

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