Voilà des millénaires que l’agriculture guide nos sociétés. Des siècles qu’elle inspire l’économie, la nourrit, lui montre le chemin.
Aujourd’hui le modèle agro-industriel dominant a largement montré ses limites, ses dangers et ses injustices pour les producteurs comme pour les consommateurs. Les enjeux liés à notre alimentation sont fondamentaux et complexes : santé, environnement, emploi, terroirs, culture, liens sociaux…. La Ruche Qui dit Oui ! souhaite redonner le pouvoir aux producteurs et aux consommateurs pour réinventer l’alimentation et sa production.
J’ai donc décidé de tester la Ruche Qui Dit Oui. Je me suis inscris sur leur site web, puis j’ai choisi la ruche la plus proche, celle de Bruxelles/Forest.
Un concept déjà bien installé en France, qui compte 300 ruches. Il a débarqué en Belgique en 2013 avec un certain succès.
Le 21 septembre 2011, la première Ruche qui dit Oui! ouvrait les portes de sa distribution. C’était au Fauga, une petite bourgade de la grande banlieue de Toulouse. Au fil des mois les Ruches ont essaimé un peu partout pour atteindre un réseau de plus de 600 Ruches aujourd’hui, tout pays confondu.
COMMENT ÇA FONCTIONNE?
- Un particulier, une association ou une entreprise décide d’ouvrir une Ruche dans un café, une salle de spectacle, une école, un centre culturel, un jardin ou une grange… C’est le responsable de la Ruche.
- Il contacte des producteurs dans un rayon de 250 kilomètres, qui proposent fruits, légumes, viande, fromage, laitages, pain, vin, miel… Parallèlement, il recrute des membres qui souhaitent acheter des produits locaux.
- Une poignée de producteurs s’est inscrite, 50 membres attendent les premières offres ? L’aventure commence.
- Chaque semaine, le responsable diffuse en ligne une sélection de produits fermiers aux membres de sa Ruche. Au préalable, chaque producteur fixe librement le prix juste de ses produits et le minimum de commandes à atteindre pour les livrer.
- Les consommateurs ont 6 jours pour passer commande sur le site, de façon très simple en cliquant sur les produits convoités. Pas d’obligation, pas d’abonnement: chaque membre de la Ruche est libre de commander ou non.
- Une fois les commandes terminées, deux options:
1/ Le producteur a atteint son minimum de commandes, tout va bien.
2/ Il ne l’a pas atteint. Dans ce cas, il ne viendra pas livrer cette fois. La veille de la distribution, chaque membre reçoit la liste complète de ses courses effectives et donc du montant débité.
Le jour J les consommateurs se retrouvent sur le lieu de la distribution pour récupérer leurs courses.
Lors de la création de la ruche de Forest en 2013, plus de 700 personnes se sont inscrites sur le site et 112 commandes ont été validées. Les 13 producteurs disponibles ont été sélectionnés par Aurélie Labarge, qui a décidé d’abandonner son emploi dans l’import-export pour se consacrer à l’alimentation durable. Aujourd’hui il y a 4100 membres dans cette ruche.
Aurélie raconte: Je trouve que cela manquait à Bruxelles. Il n’y avait pas d’alternative entre le supermarché et un marché local de qualité qui est souvent très cher. D’autant qu’ici, les produits sont bio ou à tout le moins issus de l’agriculture raisonnée. « Tout est local : on sait ce que l’on mange et ce que l’on achète. Je suis allée rencontrer tous les producteurs sur place pour voir comment ils travaillaient« .
L’avantage du système est d’éviter les intermédiaires. « Les producteurs viennent directement livrer la marchandise avec la certitude de l’écouler entièrement puisqu’elle a été précommandée. » Au passage, la Ruche perçoit une commission de 8%. « Il n’y a pas moyen d’en vivre mais pour le moment, cela m’emploie à plein-temps« , explique-t-elle, la ruche qui dit oui prétend être bien moins chère que l’alimentation bio de supermarché.
Au final, le consommateur peut s’inscrire gratuitement sur le site de la Ruche, sans obligation d’achat.
Soutenir l’agriculture fermière et l’artisanat local après tout pourquoi pas.
Pour ma première sélection de produits afin de tester, j’ai choisi:
- la Ferme de Cantraine. Une ferme familiale, artisanale située à Mignault. Tous les produits sont issus de leur exploitation (fromages à pâte demi-dure, à pâte molle, maquées, yaourts, beurre, crèmes glacées et sorbets). J’ai acheté du flan fermier caramel 120gr à 2.20€ – du riz au lait à l’ancienne 500gr à 6€ – des yaourts brassés aux fruits 125gr à 0.85€.
- La Patisserie Nicolas Arnaud, un Français installé à Bruxelles rue Américaine à la fin de l’année 2011. Il met un point d’honneur à utiliser des produits frais et de grande qualité pour ses desserts. J’ai acheté une brioche de Vendée 400gr à 8.50€, un cake au citron 330gr à 6.50€.
- Le Soleil Levain, situé à Nivelles. Une fabrication artisanale de pains à base de farines certifiées bio, sans conservateur ni d’améliorant. J’ai acheté un cramique de 350gr à 3.20€.
L’ambiance est assez sympa et bon enfant. Les clients sont des habitués, on s’appelle pas son prénom, on prend des nouvelles des enfants …. En tant que nouvelle abeille dans la ruche 🙂 j’ai été bien accueilli. J’ai oublié d’imprimer ma commande et oublié aussi de prendre un cabas. Qu’à cela ne tienne Aurélie a aussi prévu les étourdis comme moi, et me donne mon numéro de client et me remet un chouette sac en toile, puis elle me guide vers les différents producteur, en me présentant comme le petit nouveau 🙂
Tout ceci se passe dans un centre culturel. seul hic peut être les problèmes de parking.
L’adresse: Centre culturel Ten Weyngaert. rue des Alliés 54 . 1190 Forest
Passons aux tests gustatifs: un excellent flan fermier caramel qui me rappelle mon enfance, les yaourts sont bons et pleins de fruits. La brioche et le cake au citron sont eux aussi excellents. C’est donc sans doute plus cher qu’au supermarché, mais j’ai consommé local, bio et le goût est au rendez-vous. La prochaine fois je testerai les fruits et légumes.
Les photos de cet article qui portent le ©Carnets de Normann (BXL5) ont été prises par son auteur.