Depuis plusieurs générations, les maîtres savonniers se sont passés le flambeau à la tête des Savonneries Bruxelloises, qui produisent à présent leurs propres produits sous ce label depuis 2010. C’est au numéro 27 de la rue Tollenaere à Laeken, au nord de Bruxelles, dans un quartier où se trouvaient autrefois implantées de nombreuses fabriques artisanales, que les Savonneries Bruxelloises perpétuent la tradition depuis les années 1920. Une entreprise à l’atmosphère familiale, établie dans le même bâtiment depuis ses débuts, et qui exporte aujourd’hui près de 80 % de sa production vers l’étranger.
Vincent Laurencin et François Van de Velde ont réinvesti la savonnerie il y a un peu moins de 20 ans. Ils sont les témoins de l’évolution et du savoir-faire de la savonnerie.
Des effluves de roses, d’amandes et de mangues m’entraînent dans l’atelier situé à l’arrière de l’immeuble où s’affairent une poignée d’ouvriers et c’est avec Bastien Hachez, le responsable du développement de la marque de savons « Savonnerie Bruxelloise », que je vais faire cette visite.
Les bâtiments sont d’origine, et si la saponification ne se fait plus ici, on sent que le reste du processus est géré dans les règles de l’art par des artisans qui sont ici chez eux.
La saponification c’est la réaction connue pour transformer le mélange d’un ester de glycérol et d’une base forte en un mélange de savon (ou acide gras) et glycérol.
Au cœur de la fabrique, on malaxe, boudine, extrude, presse et coupe le savon. C’est l’une des conditions indispensables pour garantir l’obtention d’un produit homogène en structure et en teinte. Pas moins de dix à douze ingrédients peuvent entrer dans la recette de fabrication d’un savon haut de gamme : des parfums classiques, comme la vanille ou la fraise, à la poudre d’or, en passant par toute la palette des fragrances florales. les choix et les possibilités semblent infinis !
Un peu d’histoire. C’est en 1922 qu’Emile Colin (industriel né en 1873) et Alexis Huylenbroeck (parfumeur né en 1865) fondent la savonnerie Karak. Ils commencent à produire leurs premiers savons au numéro 27 de la rue Edmond Tollenaere à Laeken, dans un bâtiment à usage industriel construit à front de rue. Trente ans plus tard, en 1953, Henri Nanson transforme la société en créant la SPRL « Nouvelles Savonneries Bruxelloises. » L’entreprise demeure dans la famille Nanson durant trois générations, jusqu’en 1993, année où elle est rachetée par Vincent Laurencin, rejoint en 2000 par son associé actuel, François Van de Velde. Le nom est resté, l’implantation n’a pas changé. Depuis quinze ans, les grandes exportations ont certes fortement augmenté, mais la dimension humaine de l’entreprise demeure essentielle aux yeux de ses deux dirigeants. Une dizaine d’ouvriers travaillent au sein de la fabrique, certains depuis de nombreuses années.
Retour au bureau principal où Bastien m’explique les qualités d’un savon : « On reconnaît un savon de bonne qualité en le frottant deux minutes sous l’eau froide. Il doit mousser, rester lisse et onctueux. C’est d’abord la densité qui garantit la qualité d’un savon. Non seulement nos savons ne se décolorent pas avec le temps, mais ils gardent une onctuosité et un parfum jusqu’au dernier petit morceau. » Quant aux produits utilisés, ils sont de première qualité : de l’huile d’olive que l’on utiliserait pour la salade, du vrai miel, du lait de chèvre, et même de la boue de la mer morte connue pour ses propriétés exceptionnelles pour la peau.
Il était donc grand temps de reconnaître ce patrimoine bruxellois en créant des savons à l’effigie de la savonnerie. Le résultat est simple, beau et qualitatif : “Nous avons sélectionné nos meilleures compositions et parfums dans un savon enrichi au beurre de karité, à l’huile d’amande douce et à la glycérine.” Ces savons sont présentés dans de très jolis coffrets.
Bastien me fait entrer dans la salle forte, véritable cache au trésor qui contient les centaines de moules ayant fait la réputation et l’histoire de la savonnerie depuis des décennies. Il faut compter environ trois mille euros pour la confection d’un moule en laiton. La savonnerie possède également environ trois cents moules libres de droit, personnalisables, mis à disposition des clients.
Apres m’avoir présenté toute l’équipe, Bastien me laisse carte blanche pour me promener parmi les machines et les hommes.
Je commence donc par la salle des ingrédients de base et celle des parfums naturels, pétales de roses….
Apres avoir été pressés et moulés, les savons défilent en fin de parcours sur un tapis à l’image de petits gâteaux, où ils sont triés, emballés, et rangés avec soin.
Les machines d’origine ont été renouvelées mais Vincent et François utilisent un matériel datant des années 1960-1970, qui est, selon eux, plus performant et mieux adapté que les nouveaux équipements qu’ils ont eu l’occasion de tester ces dernières années. L’entreprise a également dû s’adapter aux nouvelles normes mises en place ces dernières années. La législation européenne sur les cosmétiques est très stricte, explique François Van de Velde. Les ingrédients doivent tous être renseignés sur le produit, par ordre d’importance, ainsi que les colorants, les pigments et les allergènes éventuels.
La savonnerie produit un savon à pâte dure pour des commanditaires répartis aux quatre coins du monde. Formes, couleurs, parfums : tout est possible pour autant que cela respecte la matière et surtout le savoir-faire de l’entreprise. Un savon haut de gamme doit garder avec le temps une tenue sans craquelure, sans modification de la structure, de la teinte ou même du parfum et, surtout, il doit mousser abondamment. Les produits des Savonneries Bruxelloises sont ainsi d’une grande homogénéité et d’une grande constance.
Notre philosophie est de faire les choses avec soin, explique Bastien Hachez, nous avons à cœur d’installer une relation commerciale de qualité et pas de rechercher la vente à tout prix. Nous ne cherchons pas à avoir le maximum de clients possible mais à bien nous occuper de chacun d’entre eux et à inscrire nos relations de travail dans le long terme. Nous travaillons dans cette même optique avec nos magasins partenaires.
L’entreprise travaille avec des matières premières qui sont déjà la résultante de ce processus et que l’on nomme, dans le jargon du métier, le « bondillon ». Cette base végétale est le plus souvent composée d’huile de palme, ici importée d’Extrême-Orient (Malaisie ou Indonésie). Bastien Hachez précise : « Nous travaillons avec des fournisseurs écoresponsables, qui produisent l’huile de palme en étant conscients de ses dangers pour la déforestation et qui œuvrent contre celle-ci. »
Le bondillon, livré sous forme de copeaux, est versé dans la mélangeuse, qui le mêle aux autres ingrédients souhaités (huile d’olive, huile d’amande douce, eau, pigments, éclaircissant, etc…). Le mélange obtenu est ensuite passé dans la broyeuse, qui permet d’obtenir une pâte homogène et dense, puis à trois reprises dans l’affineuse. La pâte est ensuite modelée mécaniquement en un long boudin continu, tranché juste avant le moulage, réalisé à froid (-33°C).
La savonnerie possède trois lignes de production, chacune pouvant produire entre deux et trois mille savons par heure. Cinq à sept mille savons sont emballés quotidiennement, prêts à être expédiés vers les pays d’Europe, l’Amérique du Nord, le Moyen ou l’Extrême Orient.
Site internet : savonneriesbruxelloises.com
Divers points de vente
• Plaisirs d’intérieur, 13 rue Xavier de Bue, 1180 Uccle.
• Degand, 415 avenue Louise, 1050 Ixelles.
• Rob, 28 boulevard de la Woluwe, 1150 Woluwe-Saint-Pierre.
• Hayoit, 137 chaussée de Bruxelles, 1410 Waterloo.
• Bain & Bulles, 5 rue Rogier, 4900 Spa.
• Peeters, 466 Bredabaan, 2170 Anvers.
Les photos de cet article qui portent le ©Carnets de Normann (BXL5) ont été prises par son auteur.
Très intéressant votre article !
J’ai déjà eut lieu occasion de utiliser les savons gingerlime et franchement c’est à essayer. Le parfum et l onctuosité !!
Grâce à votre article j en sais plus sur ce savon. Étant Bruxelloise je me demandais où la savonnerie se trouve trouvé et comment ils étaient fabriqué vous avez donné des réponses. Merci. Ça fait un but de visite lorsque les artisans ouvrent leurs portes.
Marie-Noël le.
Merci Marie Noëlle c’est gentil