Comme tout bon habitant de la capitale, j’hésite souvent à sortir de ma ville, et pourtant c’est fort dommage car à quelques encablures de Bruxelles on trouve des pépites. C’est le bouche à oreille qui m’a fait me diriger aujourd’hui vers Gerpinnes pour découvrir la cuisine du restaurant le Délice du Jour.
Fabrizzio Chirico, le chef propriétaire du restaurant le Délice du Jour est un autodidacte doué et créatif installé au sud de Charleroi, qui ravit les papilles des gourmets depuis 1995.
Entré dans le monde de la restauration dès l’adolescence, il ne se fait pas prier pour prolonger ses stages et apprendre sur le terrain dès qu’il peut. Tous ses dimanches et ses vacances y passent. Il apprend le métier au restaurant du Château de Trazegnies, voisin de la maison familiale, et très vite la cuisine remplace la salle, sous l’aile protectrice des patrons. Diplômé de l’Ecole d’ Hôtellerie de Fleurus en 1994, il lance dans la foulée, son service personnel de « chef à domicile » avec des copains. Le succès est au rendez-vous, puis le chef fait quelques passages dans des établissements à la côte belge (Knokke) et à Bruxelles. Débrouillard, travailleur, les pieds sur terre mais la tête sur les épaules, Fabrizzio n’a pas 20 ans lorsqu’il franchit le pas, il ouvre son restaurant « Le Délice du Jour » en 1995.
Il commence par proposer une cuisine franco-italienne, en famille, il reprend cette villa avec son four à pizza. Les débuts sont dédiés à la cuisine de la Botte (Calabre) avec maman qui donne un coup de main en salle et papa qui fournit les légumes du potager. Puis vient Sanae, le sourire de la maison. Avec elle, l’inspiration….
Le restaurant subi plusieurs changements et variations, avant de prendre sa forme actuelle en 2011, plus axée sur la gastronomie fine et créative, largement inspirée par la richesse des produits et artisans locaux. Lorsqu’il entreprend ce revirement Fabrizzio ne se trompe pas, puisque à partir de 2013 le guide Gault & Millau lui décerne un 16/20. En 2015 le même guide le nomme Jeune Chef de l’Année.
Sa technique est simple, une grande clarté dans l’assiette, pas d’excès, ici le produit est mis en valeur et on mise sur le goût. L’homme est modeste et ne cherche pas la une des magazines people, il faut faire l’effort de venir à lui et ici l’effort est largement récompensé.
Côté cadre, c’est encore une fois la sobriété et la clarté qui prime.
la salle du du restaurant le Délice du Jour.est moderne et est ingénieusement dotée d’un petit salon de bois foncé, ainsi que d’une table d’amis pouvant accueillir huit convives.
Un espace donnant sur un beau jardin-terrasse nous a permis, en ce beau mois de Juillet de prendre l’apéritif au calme à l’extérieur au bord d’un romantique petit plan d’eau.
S’en est suivi, toujours sur cette terrasse, quelques mises en bouche:
- Croque en bouche de Pata Negra, parmesan brûlé, choux lacto-fermenté.
- Croustillant à l’encre de seiche, guacamole, crevette grise.
- Fraîcheur autour du concombre et huître.
- Saumon fumé a la minute sur un mélange d’herbes réalisé par le chef, et fleur de sel.
- Hareng fumé pèche blanche et melon.
- Maatjes marinées, avec caviar de courgettes et Mizuna (moutarde japonaise).
- Moule d’écume et tomates.
Plus tard nous nous sommes installés à l’intérieur dans dans l’une des deux salles spacieuses, claires et confortables, pour découvrir quantité de délices concoctés par Fabrizzio. Voir un chef œuvrer c’est pour moi un véritable bonheur.
20 ans plus tard, Fabrizio est toujours là, et son épouse, la très attentionnée Sanae, oeuvre en maîtresse de maison dans la salle. Elle est secondée par Thomas, un jeune homme avenant et souriant, qui tout au long du repas a su être patient face à mes questions incessantes.
La flamme est toujours vive chez Fabrizio, il a les yeux plus que jamais tournés vers l’avenir. Avec chaque jour, cette envie de séduire, de plaire et de donner du plaisir. Mais 20 ans, c’est aussi l’âge de la raison. Sa fougue, il la mue désormais en ardeur aux fourneaux tout en contenant sa créativité afin de surprendre sans déranger, d’émerveiller sans brusquer.
20 ans : c’est aussi l’âge de toutes les ambitions.
Récemment auréolé du titre de Jeune Chef de l’Année chez Gault & Millau, il est pourtant loin de se reposer sur ses lauriers. Fabrizzio remet en effet chaque jour l’ouvrage sur le métier. Affinant ses préparations, partant à la découverte de nouveaux petits producteurs, dégustant, échangeant aussi avec ses confrères devenus, pour un grand nombre, de vrais amis. Ce sont ces moments complices et ces belles rencontres qui font qu’il poursuit sa route et ne manque pas de projets.
Un repas très correctement équilibré entre de bons vins-découvertes en parfaite adéquation avec les plats. Dans L’ordre:
- Chateau d’Or et de Gueules: Cimels blanc 2015 (Robe jaune pâle, senteur agrume et fleurs blanches) Un accord parfait pour le poisson.
- Triennes Les Aureliens Blanc (Cépages Chardonnay. De la rondeur et une belle acidité)
- Château Pouyanne Graves blanc sec (très charmeur, nerveux avec de très agréables notes d’agrumes ainsi qu’un remarquable côté granitique)
- Rouge Autrichien Zweigelt Poc D’eau.
- Rouge Mas Mudigliza Maury (Vin doux Naturel issu de Grenache noir du Roussillon).
- Pinot Gris d’Alsace.
De justes saveurs gentiment créatives servies avec attention et soucis du plaisir du convive. Une seule photo de notre premier plat, en effet j’ai préféré me concentrer sur le goût et les saveurs plutôt que sur les photos 🙂
Notre menu du jour:
- Ceviche de maquereau et homard, jus végétal, chips de riz et poudre d’algue (en photo ci-dessus)
- Foie gras sur langoustine de Guilvinec et feuille d’huître.
- Loup de mer, jus d’anchois, câpre, olive, oseille poêlé.
- Ris de veau, jus de baie de sureau, betterave rouge.
- Volaille jaune fermière, jus de fenouil, purée et pomme de terre chips.
- Plat Signature Parmentier de queue de bœuf mijoté 48h, jus au thym.
- Abricot confit, mousse de mangue, meringue, crème de lait, fruits rouge et menthe.
- Mousse de yaourt, fruits de saison.
- Tiramisu à leur façon.
- Mignardises au chocolat
Une belle adresse donc à retrouver ou à découvrir incessamment par tout gourmet qui se respecte! On regrettera quand même que la presse locale (Hainaut) ne donne pas plus de visibilité à de véritables artisans, qui font la fierté de leur région. Peut-être préfèrent-ils se concentrer sur les fais divers! C’est fort dommage, mais heureusement que nous autres bruxellois sommes là pour remonter la note.
Pour moi le Délice du Jour c’est « LA DÉCOUVERTE DE L’ANNÉE« , c’est la cuisine comme je l’aime, c’est beau, c’est goûteux, c’est magnifique. Fabrizio est un véritable artiste. L’équipe est chaleureuse, la cuisine reste ouverte et pas un bruit ne filtre. C’est un orchestre de chambre, dirigé par un chef d’orchestre où chacun sait ce qu’il doit faire.
Quant au prix on sent qu’on n’est pas à Bruxelles, c’est plus qu’abordable:
Menu 3 services 38€ pp (accompagné de vins sélectionnés + 20€pp)
Menu 4 services 48€ pp (accompagné de vins sélectionnés + 30€pp)
Menu 6 services 60€ pp (accompagné de vins sélectionnés + 40€pp)
Menu Signature 8 services 70€ pp accompagné de vins sélectionnés 130€pp.
Délice du Jour 195, Chaussée de Philippeville. 6280 Gerpinnes. Téléphone: +3271219343 http://www.le-delicedujour.be/
Heures d’ouverture : 12h à 14h et de 19h à 21h30. Fermé le lundi soir, le mardi et le mercredi.
Cet article est sponsorisé (signifie que j’ai été invité), les photos de cet article qui portent le ©Carnets de Normann (BXL5) ont été prises par son auteur.