Senzanome signifie « sans nom » et s’écrit en Italien Senza Nome. C’est donc pour ne pas faire comme tout le monde et pour que l’on continue à se poser des questions, que la famille Bruno en a décidé autrement 🙂
Le restaurant a déménagé en Juillet de cette année, dans un des plus beaux quartier de Bruxelles: Le Sablon. Quartier des antiquaires, chocolatiers… Juste en face de l’église Notre Dame Du Sablon (15ème siècle). On ne pouvait trouver meilleure situation.
Giovanni Bruno m’a ouvert les portes de son restaurant, situé au rez-de-chaussée de ce magnifique hôtel de maître du 17ème siècle.
Début des années 70, la famille Bruno (5 enfants) est arrivée en Belgique afin e réaliser un projet qui lui tient à cœur…ouvrir un restaurant.
Giovanni y apprend son métier aux cotés de ses parents. Ses frères et sœurs participeront également à l’aventure avant de prendre chacun leur chemin. A 22 ans, Giovanni reprend l’enseigne suite au départ de ses parents vers leur Sicile natale.
On dit du restaurant que c’est: il miglior ristorante italiano d’europa fuori d’italia (le meilleur restaurant italien en Europe en dehors de l’Italie).
Giovanni est aux fourneaux avec sa brigade, Nadia sa sœur accueille les clients.
Siciliens (avant d’être Italiens) les Bruno font une cuisine qu’ils aiment et il nous font l’amabilité de bien vouloir la partager.
En 2004 Michelin ne s’est pas trompé lorsqu’il a accordé une étoile à Senzanome. Et lorsque je demande à Giovanni s’il est difficile de la conserver, il me répond « l’étoile nous ne l’avons pas cherchée, nous avons toujours fait cette cuisine que nous aimons et nous n’avons rien changé à nos habitudes ni à notre façon de travailler. Et puisque nous continuons à bien faire, l’étoile est toujours présente. Il faut simplement rester vigilants ».
Je pense que dans la restauration c’est la clef du succès. Un restaurant qui est bon du lundi au vendredi, 12 mois par an, est un restaurant qui perdure. Si vous êtes bon une semaine sur deux ou un jour sur trois, la clientèle ne vous suivra pas.
Et justement la clientèle du Senzanome a suivi jusqu’au Sablon.
Giovanni et Nadia ont imaginé la décoration sous la houlette de Pierre Bourgeois. Ensemble, ils ont réussi tout en finesse et sobriété une architecture typique qui s’adapte parfaitement à ce genre de vieille maison bruxelloise. Ils n’ont pas souhaité accueillir plus de clients que dans l’ancien restaurant de Schaerbeek. C’est donc toujours 35 places et pas une de plus. Ne cherchez pas une table de 8 ou de 6 cela n’existe pas, et Giovanni n’ajoutera pas une chaise en bout de table au détriment de votre confort et de celui des autres clients. Qu’on se le dise.
Que vous soyez placé à l’entrée ou au fond du restaurant vous aurez toujours cette même vue sur toutes les tables, suffisamment espacées.
Tout a été pensé pour que vous entendiez parler votre compagnon du jour mais pas votre voisin de table. Les panneaux muraux sont doublés d’isolants pour une quiétude et un repas serein.
A l’étage la seule et unique table capable d’accueillir 5 personnes. Et sur le mur l’histoire du restaurant, dictée par Giovanni & Nadia et dessinée par Denis Meyers un artiste Belge mondialement connu.
Si vous connaissez la cuisine Italienne, vous ne connaissez peut-être pas (c’était mon cas), la grande cuisine Italienne, et arrêtons de penser que seuls les Français savent faire de la grande cuisine (soit dit en passant je suis Français).
Nous avons eu l’immense bonheur de tester le nouveau menu six plats le tout accompagné par des vins mûrement réfléchis.
Le dressage des couverts se fait par un petit chariot, le même que celui que l’on retrouve dans les avions. Une petite touche fun et sympathique. Nazareno Di Dio notre stewart.
Puis tout a commencé avec en apéritif un Prosecco Guizzo Valdobbiadene D.O.C.G: Le Prosecco est un vin mousseux délicieusement sec avec une acidité vive, une faible teneur en sucre, il est très fruité.
Suivi d’une mise en bouche: Hamburger de polenta, coulis au poivron, feuille d’épinard frais, spuma de parmesan et piments doux.
Suivi de La Burratina, avec sa glace à la tomate et huile d’olive au basilic.
servi avec un vin blanc exceptionnel un Tenuta Dell’Abate – Terre del Palco Grillo Viognier: Un vin sicilien, offrant un arôme fruité avec des notes de pêche et d’abricot, ce vin est velouté en bouche. Il est très bien équilibré.
En parlant d’huile d’olive, celle servie sur la table est tout simplement merveilleuse, et j’ai oublié de demander son origine 🙁
Pour suivre, Gamberetti di Mazzara del Vallo (une crevette rose de Sicile) en tartare, crème acidulée, croquant de concombre et œufs de harengs fumés.
Je peux vous dire que jusque-là nous étions aux anges.
S’en est suivi des Linguine con Calamaretti (petits calamars), Pomodori Pugliesi (des Pouilles) con una Salsina al Pane di Segale (pain de seigle).
Servi cette fois avec un Chardonnay Toscan: Felsina Berardenga I Sistri. Lumineux, jaune paille, des arômes de pêche fraîche, d’écorces d’agrumes, d’ananas. C’est ce que l’on sent au premier abord. Frais et acidulé, le Sistri est l’un des meilleurs Chardonnay d’Italie, et un grand exemple de ce que l’Italie peut faire avec cette variété. C’est magique.
Puis Stracci di Pasta al Doppio Burro, Porcini (champignons) et Tartufo d’automne.
servi avec un vin rouge Sicilien: Laeneo Nerello Cappuccio, des arômes de fruits, qui se marie très bien avec les plats de viande italiens.
Et c’est là que j’ai péché par gourmandise en oubliant de faire la photo. Mea culpa.
Est arrivé ensuite sur notre table: Merlu et sa poêlée de Porcini (champignons), crumble de noisette, purée de broccoli, granité d’oignons rouges de Tropea (Calabre).
Et quand vous pensez que c’est terminé, ne sachant plus si vous êtes au plat numéro cinq ou six, arrive sur notre table: Tagliata de filet pur Holstein, émulsion vinaigre balsamique soja gingembre.
Servi avec un autre vin de la Toscane: Barone Ricasoli Rocca Guicciarda Riserva 2012. Dans le passé, Rocca Guicciarda était l’un des domaines les plus importants de la Baroni Ricasoli. Aujourd’hui c’est le nom du domaine Chianti Classico Riserva, un vin traditionnel plein d’arômes et très équilibré.
Puis vous pensez quelques secondes que le dessert va arriver et que ce sera la fin du repas. Que nenni (expression Belge qui signifie: non, pas du tout)
Un avant dessert avant le dessert: crème aux poires, mousse chocolat et crumble au chocolat.
Et finalement le dessert: Tortino di Ricotta, sorbet de raisin rouge et sa petite garniture.
Accompagné d’un Moscato d’Asti « Vigna Senza Nome »: Un bouquet d’une extraordinaire fraîcheur, complexe avec de nombreuses notes de fruits frais, de fleurs d’oranger, de rose et de musc. Tout un programme.
Un sans faute du début à la fin, Nadia et Giovanni tout au long du repas sont passés d’une table à l’autre. Lorsque vous réservez une table au Senzanome, que vous soyez connu ou pas du tout, vous êtes tout aussi important et vous recevrez la même attention.
Nadia a beaucoup d’humour, et prend tout son temps pour vous expliquer chaque plat.
On retrouve cette classe à l’italienne jusque dans les toilettes que personnellement j’ai trouvé fort jolies.
Un grand merci à toute l’équipe et surtout à notre serveur du jour, un vénitien à l’accent envoûtant, Marco Casotto.
Et un récapitulatif des vins qui ont accompagné notre repas.
Il est temps pour nous de dire au revoir à Giovanni et surtout le remercier pour cette merveilleuse cuisine qu’il nous a fait découvrir aujourd’hui.
Senzanome
Place du Petit Sablon 1, 1000 Bruxelles.
Téléphone: +3222231617
Les photos de cet article qui portent le ©Carnets de Normann (BXL5) ont été prises par son auteur.
Ca donne envie en tout cas! Belles photos aussi.